Politiciens contaminés!
La presse, Louis-Gilles Francoeur
Édition du jeudi 04 janvier 2007
Des dizaines de produits toxiques coulent dans les veines des élus fédéraux,
comme dans celles de l'ensemble des Canadiens du reste. Une enquête du
groupe Défense environnementale.
Certains les associent à diverses formes de pollution plus ou moins
flatteuses. Mais nos politiciens ne sont pas plus à l'abri de la pollution
que tous les citoyens, même si plusieurs les imaginent dans un monde à
part...
C'est ce que révèle une série de tests sanguins effectués sur quatre
politiciens de la capitale fédérale par Défense environnementale, un groupe
écologiste torontois. Parmi les quatre politiciens fédéraux qui se sont
prêtés à l'expérience, on retrouve la ministre fédérale de l'Environnement,
Rona Ambrose, troisième au classement avec 49 produits toxiques dûment
identifiés dans son sang. C'est elle qui affichait les plus fortes
concentrations d'arsenic.
Le plus intoxiqué des quatre politiciens fédéraux testés est John
Godfrey, le critique libéral en matière d'environnement. On a décelé dans son sang 55
produits toxiques. Vient ensuite le ministre conservateur de la Santé, Tony
Clement, avec 54 produits toxiques et les plus fortes concentrations de
BPC. En dernier lieu, le chef du NPD, Jack Layton, affiche les plus importantes
concentrations de produits ignifuges et de contaminants atmosphériques de la
famille des HAP.
Aucun test n'a été réalisé parmi la députation du Bloc québécois par les
écologistes torontois.
On a décelé 61 contaminants chimiques sur les 103 toxiques recherchés. La
liste comprenait 18 produits ignifuges de la famille des polybromodiphényléthers, ou PBDE, 13 molécules de la famille des
BPC, 10 pesticides organochlorés, sept hydrocarbures aromatiques polycycliques
(HAP), cinq substances antitaches et antiadhésives de type
perfluoré (PFC), cinq métaux lourds et trois métabolites d'insecticides
organophosphorés, i.e. des insecticides transformés par le métabolisme des insectes, ce qui en
augmente souvent la toxicité.
De son côté, le ministre Clement en a profité hier pour noter que le Plan
canadien de gestion des produits chimiques, annoncé le 8 décembre, comprend
justement un volet axé sur la surveillance biologique. Ce sondage nouveau
aidera le gouvernement à dégager les tendances en matière de pollution et
d'évolution de la santé publique.
Contaminés d'un océan à l'autre
«Ces tests, indiquait Rick Smith, le porte-parole de Défense
environnementale, révèlent la présence de polluants chez tous les citoyens.
De la colline du parlement jusqu'aux enfants de Vancouver et de St. John,
des polluants nocifs, voire cancérigènes, se retrouvent dans l'organisme des
Canadiens, peu importe le lieu de résidence, l'âge, le lieu de travail,
l'école ou le terrain de jeu fréquentés.»
Il y a quelque temps, l'Europe a annoncé pour sa part un vaste programme de
validation de milliers de produits chimiques utilisés sur son territoire
dans la vie et dans les objets de la vie quotidienne afin d'en vérifier
l'innocuité pour la santé et l'environnement. Ces règles vont s'appliquer
aux produits en provenance d'autres pays.