Les
élus ont rejeté cette proposition, entre autres devant l'absence
de consensus dans le milieu scientifique.
|
Fin
de la fluoration à Gatineau
Un non presque
unanime
Mise
à jour le mardi 4 mai 2010 à 16 h 59
Comme on s'y
attendait, les conseillers municipaux de Gatineau ont voté mardi contre la
fluoration de l'eau potable de la ville, dans une proportion de 16 contre 2.
Les conseillers ont
d'abord pris connaissance d'un rapport incluant une recommandation de la
direction de la Santé publique de l'Outaouais, qui appuie cette mesure, ainsi
qu'une synthèse de la documentation des différents points de vue sur la
question. Cette présentation a été suivie d'un débat assez court.
Pierre Fillion,
l'un des conseillers qui était pour la fluoration, a par ailleurs suggéré
l'idée d'un référendum sur la question. Le maire, Marc Bureau, affirme que
Gatineau ne financera pas une telle idée.
La direction de la
Santé publique dit respecter la décision du conseil municipal. Toutefois,
l'organisme juge que la fluoration de l'eau demeure une question importante et
entend continuer à en faire la promotion auprès du public.
Rien de sûr
Les élus ont rejeté
cette proposition, entre autres devant l'absence de consensus dans le milieu
scientifique.
Certains
conseillers disent aussi avoir senti beaucoup d'opposition chez les citoyens
de leur quartier. Le maire croit quant à lui que c'est à Québec de trancher
la question.
Pourtant, un
sondage commandé en début de semaine dernière par la direction de la Santé
publique de l'Outaouais a révélé que 58 % des répondants étaient
pour la fluoration. La proportion augmentait à 65 % chez les familles
avec des enfants. Selon le sondage, seulement un Gatinois sur quatre
s'opposerait à l'ajout de fluor dans l'eau municipale. Le sondage a été mené
par téléphone le 19 et le 20 avril 2010 auprès de 400 résidents de 18 ans
et plus. La marge d'erreur est de plus ou moins 4,9 %, soit 19 fois sur
20.
Si Gatineau avait
accepté de fluorer son eau potable, tous les coûts de l'opération auraient
été défrayés par le gouvernement du Québec.
Ailleurs au Québec
À Saguenay, en
janvier dernier, le maire Jean Tremblay a annoncé son intention d'ajouter du
fluor dans l'eau potable de la ville. Devant une opposition bien orchestrée,
il a été obligé de reculer. Le maire a plutôt promis une consultation
publique à ce sujet, à une date encore indéterminée.
À Trois Rivières,
le fluor était ajouté à l'eau depuis les années 1960. Pendant les rénovations
de l'usine de filtration, on a cependant suspendu la mesure. Les élus n'ont
pas décidé si la fluoration reprendrait une fois les travaux terminés.
Quant à Québec,
qui a fluoré son eau potable pendant 35 ans, elle a dû mettre un terme
à l'opération lors de la fusion municipale de 2002, face à l'opposition des
banlieues.
Chez nos voisins
ontariens, 70 % de la population a accès à de l'eau fluorée.
Un débat
difficile à trancher
Les spécialistes
ne s'entendent pas sur l'innocuité pour la santé de l'addition de fluor à
l'eau potable.
D'un côté, les
partisans de la fluoration de l'eau pensent que la baisse importante de caries
observées chez les citoyens buvant de l'eau fluorée est une mesure de santé
publique essentielle.
Ils affirment que
les fluorures sont des minéraux que l'on retrouve couramment dans la nature
et que l'eau que l'on retrouve à l'état naturel contient parfois des niveaux
beaucoup plus élevés de fluor que celui réclamé pour prévenir la carie
dentaire.
Les adeptes de
l'eau fluorée se basent également sur de nombreuses études qui ont démontré
la bénignité de la fluoration de l'eau sur la santé et sur l'environnement.
Les opposants à
l'eau potable fluorée s'appuient eux aussi sur un large éventail de
publications scientifiques dans lesquelles on a trouvé un lien
statistiquement significatif entre le fluorure et toute une série d'effets néfastes
pour la santé : augmentation du risque de fracture osseuse, réduction de la
fonction thyroïdienne, réduction du quotient intellectuel, condition
apparentée à l'arthrite, cancer des os et fluorose dentaire, une décoloration
ou marbrure de l'émail des dents.
Ces spécialistes
croient qu'il n'est pas nécessaire d'exposer l'organisme entier au fluor et
à tous les risques qui sont associés à son ingestion, puisque cette
substance agit uniquement lorsqu'elle est appliquée à l'extérieur de la
dent, et non pas à partir de l'intérieur du corps. Ils soulignent que les
dentifrices fluorés sont facilement accessibles.
|